Coups De Poings Dans Le Rétro (chapitre XXIV)

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L’histoire d’un mythe

Carlos « El Macho » Monzón, à la fois arrogant et vulgaire, n’obéissant qu’à son instinct animal, fait partie des plus grands boxeurs de l’histoire. Né le 7 août 1942 dans un quartier misérable de Santa Fe en Argentine, il n’aura pas passé beaucoup de temps à l’école. Vendeur de journaux, cireur de chaussures, voyou à l’occasion, il découvre la boxe très tôt. Il a été champion du monde WBA dans la catégorie des poids moyens de 1970 à 1977, et WBC de 1970 à 1974 et de 1976 à 1977. Il se retire définitivement des rings en 1977  avec un palmarès de 87 victoires dont 59 par KO, 3 défaites, 9 matchs nuls et 1 no-contest. Il a été élu « boxeur de l’année » par Ring Magazine en 1972, et a été intronisé à l’International Boxing Hall of Fame dès sa création en 1990.

Il commence sa carrière amateur en 1959. Avec un palmarès de 73 victoires, 6 défaites et 8 nuls, il passe professionnel en 1963.  Au fil des combats, Monzón se forge une solide réputation mais, celle-ci ne dépasse pas les frontières de son pays. Il gagne tous ses combats souvent très vite grâce à sa force de frappe. Après un no-contest contre Albino Veron le 13 mars 1963, il enchaine les victoires jusqu’au 28 août 1963. Pour la 1ère fois de sa carrière, il sera battu aux points par Antonio Oscar Aguilar. Après quatre victoires, le 28 juin 1964, il connait à nouveau la défaite, toujours aux points, contre Felipe Cambeiro. Il enchainera 5 combats victorieux, et le 9 octobre 1964, il enregistrera sa 3ème défaite contre Alberto Massi. Sur ses vingt premiers combats, il enregistre 3 défaites aux points et après cet apprentissage, Monzón ne connaîtra plus jamais la défaite. Les combats et les victoires impressionnantes s’enchainent, concédant 6 matchs nuls. Le 3 septembre 1966, il détrône de son titre de champion d’Argentine des poids moyens Jorge José Fernandez. Le 10 juin 1967, il arrache la ceinture de champion d’Amérique du sud devant le même Fernandez. Sa carrière se dessine lentement et faute de propositions en Europe et aux États-Unis, il effectuera ses 75 combats (dont 72 victoires) sans jamais avoir quitté son pays. Il n’intéresse toujours personne quand la chance lui sourit enfin. Il se voit accorder une chance mondiale, suite à un mauvais calcul du champion du monde unifié WBA et WBC des poids moyens, Nino Benvenuti.

La consécration mondiale :

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Champion olympique à Rome en 1960, Nino Benvenuti, l’idole italienne, a remporté, en avril 1967, les titres de champion du monde WBA et WBC des poids moyens contre le légendaire Emile Griffith, par décision unanime dans un combat de 15 reprises (ce qui allait être le début d’une formidable trilogie). Ce combat sera élu « combat de l’année » par Ring Magazine. Le 29 septembre de cette même année, il a perdu ses titres par décision majoritaire lors de son combat revanche contre Griffith. Le 4 mars 1968, les deux hommes vont s’affronter pour la 3ème fois, et au terme des 15 reprises, Benvenuti s’empare à nouveau des titres WBA et WBC à l’unanimité des juges. Il sera élu « boxeur de l’année »Après avoir défendu victorieusement ses titres à plusieurs reprises, il choisit Carlos Monzón pour son prochain combat. Un combat que Benvenuti voit facilement à sa main.

Le combat se déroule le 7 novembre 1970 au Palazzetto dello Sport à Rome en Italie. Ce combat, étant perçu comme une simple formalité pour le champion du monde, n’intéresse ni la presse ni le public italien. En Argentine, tout le monde est devant sa télé, car même si l’espérance est là, très peu pense que Monzón puisse battre le champion unifié, Benvenuti.

Ce qui devait être une simple formalité pour le champion, va se transformer en un véritable calvaire. Très rapidement dans le combat, Benvenuti se rend compte que son adversaire est un boxeur dangereux et que, malgré ses coups, il ne pourra pas lui faire mal. Le tonnerre de l’Argentine. Calme, patient, Monzón va entreprendre un travail de destruction méthodique. Il va déployer tout un arsenal : des jabs très durs, de puissants coups au corps, de solides crochets, … Le champion subit la pression constante et multiplie les accrochages à chaque reprise. Il est malmené et souffre devant cette férocité guerrière. Il devient évident que le combat n’ira pas jusqu’à la limite des 15 reprises. Dans la 12ème reprise, démolisseur imperturbable, Monzón terrasse Benvenuti, KO pour la 1ère fois de sa carrière. Le champion déchu git au sol dans un silence de mort. Ce qui venait de se produire était incroyable.

Carlos « El Macho » Monzón, qui a été d’une efficacité redoutable, devient le nouveau champion du monde unifié WBA et WBC des poids moyens. Le combat est élu « combat de l’année » par Ring Magazine, et Monzón fait désormais parti des meilleurs boxeurs au monde. 

Cette incroyable victoire par KO suscite l’euphorie, surtout à Santa Fe, la ville de Monzón, où tout le monde descend dans la rue.  Inconnu jusque là, il devient, du jour au lendemain, une star dans le monde de la boxe. Benvenuti étant perçu comme un grand champion difficile à battre, tout le monde veut voir celui qui l’a terrassé. Même le légendaire Muhammed Ali, qui avait fait la connaissance du boxeur italien aux JO de Rome en 1960, avait dit que Benvenuti était le meilleur boxeur blanc dans le monde.

Les spécialistes s’étonnent même que personne ne se soit intéressé plus tôt à ce boxeur argentin.

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La revanche :

Monzón retrouve Benvenuti le 8 mai 1971 pour un combat revanche et le détruit en 3 reprises. Après cette défaite, Benvenuti mettra un terme à sa carrière.

« El Macho » défendra victorieusement ses ceintures à neuf reprises, dont sept fois avant la limite. Seuls Bennie Briscoe, le 11 novembre 1972, puis Émile Griffith et le champion d’Europe, Jean-Claude Bouttier, réussiront à tenir la limite des quinze reprises. En 1974, il sera déstitué de son titre par le World Boxing Council pour, d’une part, avoir affronté José Napoles au lieu de son challenger officiel, Rodrigo Valdez, et d’autre part, il aurait remplacé son urine par du champagne après sa victoire en 7 reprises contre Napoles le 9 février 1974. Il conservera néanmoins son titre de champion du monde WBA.

Le 26 juin 1976, il affronte le nouveau champion du monde WBC, Rodrigo Valdez, dans un combat de réunification. A l’issue des 15 reprises, à l’unanimité des juges, Carlos Monzón redevient le champion unifié WBC et WBA. Le 30 juillet 1977, a lieu la revanche entre les deux hommes et il conservera ses ceintures.

Le 29 août 1977, au cours d’une très brève conférence de presse à Buenos Aires, Carlos Monzón annonce qu’il se retire des rings définitivement. Un des plus beaux parcours de l’histoire de la boxe. Champion du monde des poids moyens durant 7 ans (de 1970 à 1977) au cours desquels il aura défendu victorieusement ses titres 14 fois consécutive face aux meilleurs boxeurs de son époque. En 1983, il sera élu « plus grand boxeur latino » de l’histoire.

Son invincibilité (81 combats d’octobre 1964 à juillet 1977) restera à jamais légendaire.

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Une fin tragique :

« Certaines personnes n’aiment pas Monzón pour cette raison. Il n’y a qu’à Santa Fe qu’il sera toujours un énorme champion. A Buenos Aires il l’est aussi d’une certaine manière, mais il est aussi un assassin. »

Voilà qui résume le drame qui a sonné le début de la fin d’ « El Macho ». La chute d’un immense champion de la plus horrible des manières. Un drame qui noircira les pages de la presse argentine et mondiale. Monzón est accusé du meurtre par défenestration de sa compagne.

Le 14 février 1988, une violente dispute éclate entre Monzón et Alba Alicia Muñiz Calatayud qui se termine en tragédie. Le procès qui a déclenché le plus de passion en Argentine débute le 26 juin 1989. Le 3 juillet suivant, Carlos Monzón est reconnu coupable et condamné à onze ans de prison. Après avoir purgé la moitié de sa peine, en août 1983, il est transféré dans l’Unité Pénitentiaire n°2 à Las Flores de Santa Fe, et bénéficie d’un régime de semi-liberté. Il a permission de sortir chaque week-end.

Le 8 janvier 1995, alors qu’il regagnait la prison de Las Flores, après sa permission d’un week-end passée avec ses enfants, Carlos Monzón trouve la mort dans un accident de voiture.

Jean-Claude Bouttier avait décrit Carlos Monzón comme étant un animal sauvage et qu’il portait « la rage sociale au bout des gants »:

« Il n’est pas arrivé à me mettre KO sur un ring, mais cette fois je suis sonné. C’est un peu James Dean, on ne pouvait pas s’attendre de sa part à une mort dans un lit. Là, c’est un accident de la route, mais ça aurait pu être n’importe quoi d’autre tellement on le sentait fragile. C’était un animal sauvage, même la prison n’avait pu le dompter ».

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18 réflexions sur “Coups De Poings Dans Le Rétro (chapitre XXIV)

    1. Salut Euskadi, ne désespère pas Lol. A mon avis beaucoup on dû être en vacances comme moi en août et ensuite reprise de boulot et rentrée scolaire pour certains 😉

  1. Et pour les femmes mossely la meuf à yoka à été monstrueuse aussi super boxe ! Et la petite Sarah oumadi je croit elle aussi boxe très bien ! Ji croit à l’or pour une des deux !!!

    1. Oui, Mossely, a été monstrueuse, en plus elle est la 1ère boxeuse française médaillé d’or. Chapeau. Apparemment, Yoka intéresserait beaucoup de monde dont K2 promotions. Affaire à suivre

  2. Kel tournois olympique ils font nos français !!!!!!!!! Oumahi à été super du début à la fin ! Moi je le voit pas perdre en final bordel ! Konko aussi à un vrai style ! Beauderlik est tombé sur du très fort ! Et yoka devra être meilleur ! Magnifique les gars !!!!!

  3. Carlito !!! Un vrai bourrin ! Peut être le meilleur boxeur en reculant…. un style bizzar mais évidemment efficace…. un latino dans le texte à la Camacho durant ou mayorga 😀

  4. Après ses 2 combats contre Bouttier, Monzon lors d’une interview a dit que parmi tous les boxeurs, seul ce dernier était susceptible de le battre.

  5. Benvenuti par 2 fois,Moyer, Bogs, Briscoe, Griffith par 2 fois,Bouttier par 2 fois, Napoles, Mundine, Licata, Tonna, Valdez par 2 fois, (la liste est longue) : les meilleurs… et il les a tous battu. Une légende de la boxe malgré le personnage torturé et controversé.

  6. Un destin tragique pour un immense champion qui a dominé la catégorie pendant 7 ans et contre les meilleurs. Son style de boxe était bizarre mais il était capable de s’adapter à chacun de ses adversaires.

  7. froid comme un iceberg, Monzon a crée la surprise contre Benvenuti. Le pauvre champion italien n’a rien pu faire. Un très beau combat

  8. Monzon savait s’adapter à tous les styles de boxe de ses adversaires. Un grand champion malgré tout. Quand je pense que Bouttier a failli le battre dans leur 1er combat…

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