Don King, l’escroc « au service de la boxe »

Don King
Don King « Only in America »

– L’enfant du ghetto devenu le plus grand promoteur de boxe de l’Histoire

Le monde de la boxe a toujours été entouré de promoteurs véreux et d’escrocs. En dehors des boxeurs, il est sans nul doute la personnalité de la boxe la plus connue au monde. Reconnaissable avec sa coiffure improbable, il a été l’incontournable et grand manitou de la boxe, mondialement reconnu pour ses talents d’escroc, d’un aplomb formidable, capable de proférer les plus gros mensonges et de faire les plus improbables entourloupes sans jamais se démonter, j’ai nommé l’inégalable Don King .

Que de chemins parcourus pour ce natif d’un ghetto de Cleveland dans l’Ohio qui est passé par plusieurs petits boulots et par la case prison. Né Donald King le 20 août 1931, il s’inscrit à l’âge de 18 ans  à l’université Case Western Reserve de Cleveland pour débuter des études, et pour se les payer, il a dû exercer différents petits boulots comme cireur de chaussures, barman,… (d’après les dire de Don King lui-même), mais en même temps il se lance dans le bookmaking pour la mafia, et trempe dans des affaires douteuses, le job qui lui convenait le mieux vu le palmarès à venir.

En 1954, il a une altercation avec trois hommes qui essayaient de l’escroquer. Il leur tire dessus, et l’un d’eux meurt sur le coup. La légitime défense est retenue, et King ressort libre du tribunal. Mais en 1966, à Cleveland, il bat à mort un de ses débiteurs. Poursuivi pour meurtre au second degré, ses juges, comme par magie, décident de transformer les charges en homicide simple. Reconnu coupable, il passera seulement 4 années en prison avant d’être libéré. Non content de s’en tirer avec une peine aussi légère, il se fera présenter des excuses publiques par James Rhodes, le gouverneur de l’Ohio à l’époque.

Il a réussi à organiser le 1er combat organisé par des Noirs, mais malgré tout cela, il parle noir, mais vit blanc et pense argent .

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A sa sortie de prison, le destin ­ est plutôt charitable ­ avec Don King qui cherche un moyen rapide de gagner de l’argent après cette période d’inactivité. Il ne pouvait espérer mieux en croisant sur son chemin l’idole et boxeur controversé Muhammed Ali. Après avoir convaincu Ali de faire une exhibition pour permettre la construction d’un hôpital (pour la petite anecdote, King s’est approprié l’essentiel de la recette), il réussit habilement à séduire le champion au point de devenir son promoteur. Le « conte de fée » commence alors, Don King met les pieds sur les rings et le monde de la boxe pour ne plus jamais les quitter. Devenu promoteur professionnel, à 43 ans, pour son 1er évènement, il obtient la consécration mondiale en organisant le 30 octobre 1974 un combat devenu historique « The Rumble in the Jungle ». Ce combat de légende, opposera Muhammed Ali, alors challenger, à Georges Foreman, champion du monde des poids lourds. Avec son culot et son sens de la débrouille, il réussit l’exploit de faire signer les 2 boxeurs et leur promet à chacun une bourse incroyable (pour l’époque) de 5 millions de dollars, alors qu’il n’a pas le moindre sou. Il lui reste donc à réunir les fonds nécessaires pour pouvoir les payer, et organiser le combat. Et c’est là qu’est tout le génie de Don  King : faire sponsoriser l’évènement par un état étranger, et pour cela, il fait appel au richissime président du Zaïre, Mobutu pour financer l’intégralité des frais inhérents à cet évènement et reçoit les américains avec tout le faste dont son régime était capable. Muhammed Ali gagnera par KO dans la 8ème reprise et redeviendra par la même occasion champion du monde.

Fort de ce succès mondial, King peut désormais démarcher les investisseurs et démarrer son propre business dans le monde de la boxe. Il obtient l’argent nécessaire pour monter son affaire, mais son manque d’expérience l’empêche d’évoluer aussi efficacement qu’il le souhaiterait. Il fait alors appel au promoteur local le plus en vue, Don Elbaum, qui lui apprendra les ficelles du métier. En très bon élève, Don King apprend avec la ferme intention de devenir non pas le meilleur, mais le seul promoteur qui compte dans le monde de la boxe.

L’année suivante, il confirme son statut en organisant un autre combat historique « Thrilla in Manilla « . Un combat qui opposera pour la 3ème fois Muhammed Ali à Joe Frazier.

Mike Tyson, Don King, Muhammed Ali
Mike Tyson, Don King, Muhammed Ali

Dès lors, Don King sera le promoteur incontournable de tous les boxeurs qui comptent. Dans les années 70, il travaille avec Larry Holmes, Alexis Arguello, Wilfred Benitez, Salvador Sanchez, Roberto Duran, Wilfredo Gomez, … En 1981, King devient le premier agent à faire gagner 10 millions de dollars pour un combat, pour Sugar Ray Leonard, lors de son premier combat face à Roberto Duran. Dans les années 80 et 90, il a réussi à devenir totalement incontournable pour les jeunes talents en faisant signer des boxeurs comme Aaron Pryor, Julio Cesar Chavez, Ricardo Lopez, Carlos Zarate, Terry Norris, Azumah Nelson, Felix Trinidad, Mike McCallum, Meldrick Taylor, Bernard Hopkins, Mike Tyson, Evander Holyfield, 

Don King envoie beaucoup plus de boxeurs au Temple de la Renommée (l’International Boxing Hall of Fame) que tous les autres promoteurs réunis. Mais voilà, travailler et s’enrichir avec lui, c’est pertes et fracas qui est compris dans le « packaging ». La majorité des boxeurs ayant travaillé avec lui s’accordent à dire qu’il les escroque la plupart du temps, mais que même en ayant une partie de leurs gains prélevés frauduleusement par King, ils gagnent plus d’argent avec lui qu’avec les autres promoteurs. Beaucoup d’entre eux, notamment Mohammed Ali, Terry Norris, ont engagé des procès afin de se faire verser les salaires dus, mais seul un petit nombre obtiendra gain de cause officiellement.

Durant toutes ces années au « service » de la boxe, Don King se sera fait un magot colossal. Il est toujours le principal vainqueur des combats qu’il organise ou contrôle, via sa société Don King Productions. Dans le rôle de manager ou de promoteur, King possèdait dans son «écurie» une centaine de boxeurs, dont tous les champions qui comptaient à l’exception d’Oscar de la Hoya et Lennox Lewis. Pendant plus d’un quart de siècle, plus un combat professionnel ne se fait dans le monde la boxe sans que Don King ait donné son aval et ne soit intéressé de près ou de loin à la recette.

Escroc qui réussissait à vendre l’impossible, obnubilé par l’argent, trempé dans des affaires douteuses, connu pour avoir falsifié des contrats, versé des dessous de tables,  racketté plusieurs personnes, réputé pour ne pas être fidèle envers les boxeurs qu’il promeut en changeant de favoris ou de champion en fonction de leurs échecs et succès, fraude fiscale, … Don King, à lui seul, aura organisé près de 250 championnats du monde. En 1994, il a pulvérisé tous les records en organisant 47 combats de championnat du monde en un an. Don King est un génie des affaires, car que l’on aime ou que l’on aime pas, il était visionnaire, il a contribué pendant plusieurs années à l’écriture de belles pages dans l’histoire de la boxe, où son escroquerie était « au service de la boxe » en organisant de très beaux et grands combats où les meilleurs s’affrontaient. Il a eu de l’audace et de la réussite, c’est lui qui a eu l’idée de vendre les championnats du monde aux plus grands casinos de Las Vegas avec les surenchères entre le Caesar’s Palace et le MGM Grand à la clé. C’est encore lui qui a exploité le système du PPV. Il a su « exploiter » la catégorie reine, celle qui était la plus spectaculaire et la plus rentable. On se souviendra également de la date du 7 mai 1994, au MGM de Las Vegas, où il avait organisé la « méga-réunion » comptabilisant 5 championnats du monde WBC sur le thème des revanches (Terry Norris vs Simon Brown, Julio Cesar Chavez vs Frankie Randall, Julian Jackson vs Gerald McClellan, Azumah Nelson vs James Leija). Que du lourd!

Don King restera le plus grand promoteur de tous les temps, un escroc « admiratif » et un génie « méprisant » par l’organisation de très belles réunions mais il n’avait aucune considération pour les boxeurs.

Il a d’ailleurs a été nommé « Greatest Promoter of History », le meilleur promoteur de l’Histoire par les trois plus importantes institutions de la boxe mondiale : WBC, WBA et IBF. Il est également membre de l’international Boxing Hall of Fame depuis 1997.

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12 réflexions sur “Don King, l’escroc « au service de la boxe »

  1. Voila comment résumé Don King : « en 1985, Trevor Berbick est le boxeur qu’il soutient le plus. Il remporte le titre de WBC lors d’un tournoi organisé par HBO. King craignant que Mike Tyson affronte ses boxeurs lors de ce tournoi – empêche sa participation. Iron Mike Tyson finit par participer grâce à l’appui du Directeur d’HBO et pulvérise Berbick en 2 rounds le 22 novembre 1984. King monte alors sur le ring, ignore son boxeur préféré, félicite chaleureusement Tyson et porte dans ses bras. Il abandonnera Berbick et luttera contre Bill Cayton pour contrôler Tyson. »
    Tout est dit !!!!!

  2. De la hoya et Arum ne lui arrivent même pas à la cheville. 50 cents à par le bagout, on n’a rien vu, Haymon va rapidement se bruler les ailes et Jay-Z ne fera pas mieux non plus. Merci à lui pour ces combats historiques qu’il a mis en place. Un « bandit », c’est vrai, mais il n’y avait pas mieux comme promoteur malgré qu’il s’en foutait de ses boxeurs. Il savait monter des combats lui au moins. On le voit beaucoup moins dans le monde de la boxe depuis quelques temps, mais en même temps, vu le niveau des boxeurs actuels, il ne fera plus autant de pognon qu’avant.

  3. Robert Lee, le président de l’IBF, a été convaincu de corruption, pour contrôler au mieux le classement des boxeurs dans sa Fédération avec Don King. Il a confondu la boxe et la mafia. Beaucoup de combats étaient truqués, il avait payé Lewis pour pas affronter Tyson,… Il n’avait pas de coeur ce type, aucune reconnaissance pour les boxeurs de son écurie, seul l’argent compte pour lui. Mais faut le reconnaitre, il a permis à la boxe de connaitre ses heures de gloire avec des combats de légende.

  4. diverses accusations d’escroquerie à l’assurance, de fraudes fiscales, homicide, affaire de corruption,… mais grâce à lui on a eu de très belles affiches.

  5. Dommage que l’article ne parle pas beaucoup de ses démêlés avec la justice à ce voleur-tueur. En plus, il a fait fortune que sur le dos d’un seul boxeur qu’il a ensuite ruiné: Tyson.

    1. Don King n’a jamais eu peur de la controverse pour arriver à ses fins. Il a escroqué beaucoup de boxeurs, c’est vrai aussi et Mike Tyson en fait partie. Mais Don King n’est pas responsable du fait que Tyson soit ruiné. Il a managé Larry Holmes et ce dernier est toujours prospère et a su faire fructifier son argent, voila la différence. Tyson n’a pas été un bon gestionnaire, il a gaspillé point barre.

  6. Opportuniste culotté, escroc notoire, manager excentrique, il faut le reconnaitre, Don King est le plus grand promoteur, je suis d’accord. Il a organisé des rencontres de légende (Mohammed Ali, Mike Tyson, Joe Frazier, George Foreman, Trevor Berbick,…), toutes les stars du ring lui ont tous un jour ou l’autre été promus par Don King. A partir des années 90, pratiquement aucun combat professionnel ne peut être arrangé sans son accord, vraiment trop fort.

  7. Une crapule de la pire espèce ce mec, mais grace à lui j’ai passé de très bons moments de boxe devant ma télé. Je ne compte pas le nombre important de nuits blanches et le nombre de fois que e me suis levé à 2 h du mat. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, la boxe se meurt en piètrerie avec des boxeurs qui s’évitent à tout va et des combats de championnat du monde qui n’ont que le nom.

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