Azumah Nelson et Ike Quartey, icônes de la boxe en Afrique (2ème partie)

Achimota School Boxing club

En Afrique, la boxe est très populaire, et le Ghana a porté les espoirs de tout un continent. La plupart des boxeurs qui ont fait de ce pays une légende mondiale, en côtoyant les rings les plus prestigieux,  y sont nés ( David « Poison » Kotey, Azumah « Le Professeur » Nelson, Ike « Bazooka » Quartey, …). Grâce à ces boxeurs, qui ont été des catalyseurs, l’histoire de la boxe africaine est très riche et regorge de combats qui ont dépassé les limites du ring car, loin de cette commercialisation mondiale du sport, ces pugilistes (devenus aujourd’hui des icônes) ont été des vecteurs efficaces de nombreuses valeurs.

Un âge d’or où ces boxeurs ghanéens étaient les meilleurs de l’Afrique et du Commonwealth, certains allant même jusqu’à devenir champion du monde. A l’heure d’aujourd’hui, ce bastion de grands champions peinent à se trouver de nouveaux fers de lance pour apporter un titre mondial au pays. Pourtant, le Ghana regorge de boxeurs talentueux et la motivation est toujours là. Mais le malaise repose sur les moyens. Les infrastructures sont désuètes et rendent pénibles les conditions de travail aussi bien des entraineurs que des boxeurs, le renouvellement des entraineurs, mauvaise organisation, … Il est donc bien difficile dans ces conditions de rivaliser avec des boxeurs dans le monde. Du coup, le continent africain assiste à un exode important de ses boxeurs talentueux. Beaucoup préfère se diriger vers les Jeux du Commonwealth, espérant se faire connaitre en allant en Angleterre,  tout en sachant que cette compétition ne leur garantira pas forcément la gloire.

L’état de la boxe sur le continent africain, et plus particulièrement au Ghana, n’a pas laissé insensibles Ike Quartey et celui qui est toujours considéré comme un modèle pour beaucoup de boxeurs dans le pays, la légende vivante Azumah Nelson .

« La boxe doit être l’esprit et le Ghana est béni avec le talent. C’est juste une question d’entrainement qui fera que le Ghana produira un autre champion du monde ».

 

Azumah « le Professeur » Nelson : le plus grand boxeur d’Afrique de tous les temps :

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Né le 18 septembre 1958 à Accra, la capitale du Ghana, Azumah Nelson c’est l’histoire de tout un pays, c’est l’histoire d’un homme humble qui croyait en lui, un terrible guerrier qui est devenu un roi parmi les rois et qui a marqué l’histoire de la boxe comme jamais aucun boxeur de talent du continent africain ne l’a fait.

Avec un palmarès de 39 victoires, 28 KO, 6 défaites, et 2 nuls  , il a été champion du monde WBC des poids plumes de 1984 à 1987, champion du monde WBC des poids super-plumes de 1988 à 1994, et de 1995 à 1997. En 2004, il est devenu le premier Africain à être introni à l’International Boxing Hall of Fame.

Le Ghana, qui était sous la pression des soulèvements politiques sous l’emprise coloniale britannique, est devenu indépendant en mars 1957. Le pays a été sous le feu des projecteurs quelques années plus tard. Un continent qui est passé des années galères aux années lumières, tout comme « Zoom-Zoom – Le Professeur », alors inconnu (sauf au Ghana) qui a été propulsé au rang de star dans le monde de la boxe.

Champion du Ghana, champion d’Afrique, médaillé d’or dans la catégorie poids plumes aux Jeux du Commonwealth, Nelson a eu une brillante carrière amateur où il s’est vu remporté tous les titres sauf une médaille olympique, le Ghana ayant boycotté les Jeux Olympiques de Moscou en 1980. Avec un palmarès de 50 victoires pour 2 défaites, il passe professionnel en 1979. Sa carrière sur la scène mondiale peine à démarrer. A l’exception de son combat contre Aziza Bossou qui s’est tenu à Lomé au Togo le 24 février 1981 et son combat contre Miguel Ruiz en Californie le 18 août de la même année, de 1979 à 1982, Azumah Nelson a principalement boxé à Accra. Invaincu en 13 combats dont 10 remportés avant la limite, il acquit une solide réputation au Ghana. Il a été surnommé «Le Professeur» en raison de sa capacité à enseigner une leçon de boxe à ses adversaires.

Malgré ses deux victoires à l’étranger, et le titre de champion du Commonwealth acquis le 26 septembre 1981 contre Brian Roberts, il n’attire toujours pas l’attention et sa notoriété s’arrête aux portes du Ghana. Mais c’est sans compter sur un coup de pouce du destin. Le 21 juillet 1982, au mythique Madison Square Garden de New-York, Azumah Nelson et le Ghana vont marquer les esprits dans le paysage mondial de la boxe.

De l’ombre à la lumière :

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Le mexicain Salvador Sanchez, le redoutable champion du monde des poids plumes WBC, devait affronter son challenger obligatoire Mario Miranda, mais ce dernier a déclaré forfait suite à une blessure. Il fallait lui trouvé un adversaire rapidement, et Azumah Nelson a été contacté. Une chance inespérée pour le Ghanéen qui a accepté. Deux semaines de préparation pour ce combat, mais qu’importe, « Le Professeur » est un homme de défi, lui qui, dès le début de sa carrière, a affronté de très durs boxeurs. Et comme il dira, un combat pour un championnat du monde contre le plus grand boxeur du moment et qui plus est, au Madison Square Garden, ça ne se refuse pas.

Et le 21 juillet 1982, en tant que remplaçant de dernière minute, invaincu en 13 combats dont 10 par Ko, Azumah Nelson affronte le redoutable Salvador Sanchez, au palmarès de 42 victoires pour 1 défaite et 1 nul. Malgré l’immense popularité de Sanchez, ce championnat n’a suscité aucun engouement, du fait que,  pour les spécialistes et les fans de boxe, ce serait un combat facile et une victoire rapide par KO pour le champion face à cet inconnu.

A la surprise générale, le combat s’est révélé intense, le plus dur de la carrière de Sanchez. Personne n’avait prédit cela. Nelson n’est pas venu faire de la figuration et, dès le début du combat, ce fut une guerre. Des échanges de coups violents, et même si « Le Professeur » a été au tapis dans la 7ème reprise, le combat a repris de plus belle et, Sanchez a vécu un enfer. Malgré sa vaillance, Azumah Nelson ira par deux fois au tapis dans la 15ème et dernière reprise et l’arbitre stoppera le combat.

Un combat palpitant, intense du début à la fin, où dans sa défaite, Nelson aura eu la plus belle des victoires : la reconnaissance. Il a marqué les esprits face au grand champion qu’est Sanchez qui a confirmé, dans cette dure bataille, son statut et son immense talent et, il déclarera que Nelson a été son adversaire le plus coriace.

Willie Pep, présent ce soir-là, et a été impressionné par Sanchez et a dit :

« Je suis content qu’il n’était pas là à mon époque. »  

Ce qui en dit long sur la performance qu’a livré Azumah Nelson pour son 14ème combat professionnel.  Eddie Cool ira même jusqu’à dire :

« Le combat de poids plumes le plus excitant jamais organisé dans le nouveau Madison Square Garden, et le meilleur depuis celui où Willie Pep a repris son titre contre Sandy Saddler dans l’ancien MSG. »

Bien qu’il ait perdu par KO dans la 15ème reprise, Azumah « Le Professeur » Nelson rentra chez lui en héros. Avec une très courte préparation, il a livré une performance remarquable, et même s’il reconnait qu’il n’était pas prêt, il ne se cherchera aucunes excuses et reconnaitra la supériorité de Salvador Sanchez.

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Ce combat aurait pu figurer dans les grands classiques des « combats de légende »,  mais malheureusement, il n’a pas eu la portée méritée. Tout d’abord, l’affiche de ce combat n’intéressait pas grand monde. Beaucoup était déçu à l’annonce de ce combat, où tout le monde voyait une victoire facile de l’immense champion qu’était Salvador Sanchez contre ce parfait inconnu venant du continent africain et qui semblait manquer d’expérience au vu de son palmarès. Personne n’avait prédit ce combat palpitant. Et d’autre part, durant la même année, trois affiches entre des boxeurs de renom avait suscité l’intérêt général : le 12 novembre, Aaron Pryor (qui devait affronter en 1er lieu Sugar Ray Leonard qui a dû se retirer des rings à cause d’un décollement de la rétine) était opposé à Alexis Arguello. Le 3 décembre, il y avait Wilfredo Gomez contre Lupe Pintor, et le 11 décembre était programmé le 4ème affrontement entre Bobby Chacon et Rafael Limon (deux boxeurs dont la rivalité a marqué l’histoire de la boxe). Trois combats palpitants qui ont tenus leur promesse (et qui sont des monuments aujourd’hui). Mais qu’importe, désormais tout le monde savait qui était Azumah Nelson.

La consécration mondiale :

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 Il aurait été intéressant de voir un combat revanche entre l’immense champion Salvador Sanchez et Azumah Nelson (bien préparé cette fois-ci),  et même si l’idée avait trotté dans la tête d’un promoteur, de toute façon ça n’aurait pas pu voir le jour. Vingt-deux jours après ce combat, le monde de la boxe était en état de choc. Sanchez est décédé dans un accident de voiture, à l’âge de 23 ans.

Désormais, « Le Professeur » boxe aux États-Unis et construit son chemin vers le sommet de la gloire. Il sortira vainqueur de son combat contre Irving Mitchell le 31 octobre 1982. Juste avant cette victoire, après la mort tragique de Sanchez, le titre WBC des poids plumes est vacant et, le 15 septembre 1982, c’est Juan La Porte qui devient le champion du monde en battant par KO dans la 10ème reprise Mario Miranda. Durant l’année 1983, Nelson se défait de Ricky Wallace le 12 février, Alvin Fowler le 17 août, Alberto Collazo le 23 septembre, Kabiru Akindele le 23 novembre. Il connaitra à nouveau la victoire contre Hector Cortez le 9 mars 1984, et le 31 mars La Porte perd son titre contre Wilfredo Gomez.

Ayant gravi les échelons, Azumah Nelson est n°1 au classement WBC et se voit offrir une 2ème chance mondiale. Le 8 décembre 1984, il affronte le champion du monde WBC des poids plumes, le redoutable Wilfredo Gomez. Pour ce championnat qui s’est déroulé à Porto-Rico, Nelson avait un palmarès de 19 victoires et 1 défaite, tandis que le champion avait 40 victoires à son actif pour 1 défaite (contre Salvador Sanchez) et 1 nul.

« Nelson vient du Ghana avec l’espoir de gagner, mais ce titre restera ici parce qu’il appartient aux Porto-Ricains. Mon objectif est de remporter trois titres mondiaux, et Nelson ne va pas stopper ma carrière. »

Au vu des mémorables combats entre Salvador Sanchez et Wilfredo Gomez et de Salvador Sanchez contre Azumah Nelson, on pouvait donc s’attendre à un beau championnat du monde.

Gomez a été très prudent en début de combat, et les reprises ont été disputées. A la fin de la 10ème reprise, les juges avaient des pointages de 97-93 et 96-95 pour le champion et 95-95. Du fait que le champion du monde était sur ses terres et que le combat était relativement serré (malgré l’étonnant pointage du juge qui avait 97-93), les hommes de coin de Nelson, notamment Bill Prezant, l’avaient boosté en lui disant qu’il était en train de perdre et qu’il devait donc durcir ce combat pour faire la différence. Ce à quoi « Zoom-Zoom – Le Professeur » s’est employé. Dans la 11ème reprise, Azumah Nelson devient le nouveau champion du monde WBC des poids plumes en battant par KO Wilfredo Gomez.

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Bien que, promu par Don King, il ait été souvent programmé dans des combats d’encadrements pour les grands évènements, il continuera à cimenter sa domination dans cette catégorie et son règne va durer 3 ans. Il défendra sa ceinture contre Juvenal Ordenes le 6 septembre 1985, et Pat Cowdell le 12 octobre. En 1986, il battra Marcos Villasana, Danilo Cabrera et Aaron Duribe. En 1987, il conservera sa ceinture contre Mauro Gutierrez et Marcos Villasana. Un règne sans partage, et Azumah Nelson laisse son titre vacant pour monter de catégorie.

Le 29 février 1988, il devient le nouveau champion du monde WBC des poids super-plumes contre Mario Martinez. Cette même année, il défendra victorieusement son titre contre Lupe Suarez le 25 juin et Sidnei Dal Rovere le 10 décembre. Le 25 février 1989, il conserve sa ceinture lors du combat revanche contre Mario Martinez, et se défait de Jim McDonnell le 5 novembre.

Le 19 mai 1990, au Caesars Palace de Las Vegas,  il affronte le champion WBC et IBF des poids légers, Pernell Whitaker. Il perdra aux points par décision unanime des juges (116-114, 115-113 et 116-111). Dès lors, les spéculations vont bon train, mais une chose que personne ne savait à ce moment là, c’est que la femme d’Azumah Nelson, mère de ses 3 enfants, était hospitalisée en raison d’un cancer en phase terminal. Ce n’est que bien plus tard qu’il en parlera et expliquera qu’il n’était donc pas pleinement concentré pour ce combat, mais ne se cherchera aucune excuse et, il reconnaitra par ailleurs que Whitaker était un très bon boxeur. (Voilà pourquoi il ne parle pas beaucoup de son combat contre Whitaker lors des interviews).

Le 13 octobre 1990, il conserve sa ceinture des poids super-plumes contre Juan Laporte et contre Daniel Mustapha le 16 mars 1991.

 

La polémique :

Le 28 juin 1991, au Mirage Hotel & Casino de Las Vegas, en sous carte du combat principal, la revanche opposantAzumah Nelson Mike Tyson à Donovan Ruddock, Azumah Nelson défend son titre contre Jeff Fenech. Un combat qui s’annonçait passionnant entre deux guerriers. Mais le résultat final va créer la polémique.

En début de combat, Nelson est agressif, et au bout de quelques reprises, Fenech était rentré dans le combat. Un affrontement intense où les deux boxeurs se rendaient coups pour coups. Mais au fur et à mesure, « Le Professeur » paraissait quelques peu fatigué et surtout, ses coups étaient beaucoup moins puissants. C’est Fenech qui était beaucoup plus efficace et plus à l’aise. Nelson était proche du KO durant la 7ème reprise. Le combat ira à son terme et dans les dernières secondes, Nelson était à nouveau proche du KO. Le verdict tombe, c’est la stupéfaction totale. Alors qu’une large majorité voyait Fenech remporter la victoire, les juges ont rendu un verdict nul. Beaucoup de personnes qualifieront cette décision de « honte », de « scandale » et de « vol ». Jeff Fenech, déçu et irrité, aura ses mots :

« C’est la 1ère fois que je combat à Las Vegas, qu’on dit la capitale de la boxe. Ce sera la dernière, puisque c’est la capitale de l’arnaque. »

Devant la controverse, une revanche aura lieu le 1er mars 1992. Fenech est toujours invaincu en 26 combats et compte désormais 1 match nul, et Nelson affiche désormais un palmarès de 34 victoires pour 2 défaites et 1 nul. Pour ce combat, qui a lieu au Princes Park Football Ground de Melbourne en Australie, Fenech, qui n’a toujours pas digéré son vol à Las Vegas, est le grand favori pour les bookmakers.

« Je ne vois pas comment Nelson pourrait me battre chez moi. Il n’a aucune chance de s’en sortir cette fois, les juges ne le sauveront pas. Croyez moi, ils n’auront pas à rendre leurs pointages ».

Ce à quoi, Azumah Nelson répondra :

« Lors de notre 1er affrontement, j’étais à 65 % de ma forme. Quelques semaines plus tôt, mon épouse venait de décéder d’un cancer. Je n’avais pas la tête à combattre. Je ne suis pas champion depuis 8 ans par hasard ».

D’autant plus que le Ghanéen ajoutera qu’il avait le paludisme pour expliquer son état de forme inhabituel lors de leur 1er combat. Ce 2ème affrontement a donc suscité un intérêt général, et tout le monde s’attendait à un combat aussi passionnant et violent que le premier, d’autant plus que cette fois-ci, Nelson était en pleine possession de ses moyens. Et ce combat a tenu toutes ses promesses devant une foule de plus de 37000 personnes. On a pu retrouver le « grand » Azumah « Zoom-Zoom – Le Professeur ». Le début de combat est intense, une véritable épreuve de force. Fenech, plus rapide, impose néanmoins le rythme. Et là, 1er rebondissement. Nelson l’envoie au tapis. Le challenger se relève, et la bataille reprend de plus belle. La 2ème reprise est à l’identique, une guerre et les deux boxeurs ne veulent rien lâcher. A la fin de cette 2ème reprise, nouveau rebondissement, Fenech va à nouveau au tapis. Une véritable épreuve de force dans les reprises suivantes. Le public est en délire. Les deux boxeurs se rendent coups pour coups, et dans la 8ème reprise, Fenech durcit l’épreuve de force réussissant même à coincer le champion dans les cordes. Azumah Nelson, qui n’a pas volé son surnom, réussit à toucher sévèrement son adversaire en sortie de corps à corps. Dans les cordes à son tour, il reçoit une rafale de coups de la part du champion qui l’envoie au tapis. Fenech se relève et, sonné, il ne peut répliquer aux assauts de Nelson. Une véritable correction que l’arbitre stoppe. Azumah Nelson remporte le combat sans contestations possibles cette fois-ci et conserve sa ceinture. Jeff Fenech concède sa 1ère défaite.

Ce combat sera élu « surprise de l’année » par Ring Magazine.

Azumah-Nelson-1991Par la suite, il conservera sa ceinture contre Calvin Grove le 7 novembre 1992, et contre Gabriel Ruelas le 20 février 1993. Mais contre Ruelas, la victoire fut difficile.

Le 10 septembre 1993, il conserve son titre contre Jesse James Leija dans un combat qui se soldera sur un match nul. Le 7 mai 1994, au MGM Grand de Las Vegas, aura lieu la revanche dans ce qui restera un évènement mémorable dans l’histoire de la boxe.

Don King, comme lui seul en avait le secret, avait organisé une soirée d’exception, la soirée des « revanches ». Aucun combat d’encadrement, mais que des championnats du monde qui avaient la particularité d’être des revanches entre des boxeurs de renoms :  Azumah Nelson vs Jesse James Leija, Frankie Randall vs Julio Cesar Chavez, Terry Norris vs Simon Brown et Gerald McClellan vs Julian Jackson.

Cette soirée a été élue « évènement de l’année » par Ring Magazine.

Pour cette revanche, « Le Professeur » était quelque peu absent et dépassé. Il perd son titre à l’unanimité des juges, et Leija devient le nouveau champion du monde des poids super-plumes.

Azumah Nelson va en profiter pour faire un break, et remontera sur le ring le 1er décembre 1995. Il affronte à nouveau Gabriel Ruelas qui, grâce à sa victoire sur Leija, est devenu le nouveau champion du monde WBC des poids super-plumes. Un break qui a été bénéfique au « Professeur » qui renoue avec la victoire en stoppant Ruelas dans la 5ème reprise, redevenant ainsi champion du monde. Le 1er juin 1996, il affronte pour la 3ème fois Jesse James Leija et conserve sa ceinture en le stoppant dans la 6ème reprise. Ce combat sera la dernière belle performance d’Azumah Nelson. Le 22 mars 1997, il sera battu aux points par Genaro Hernandez qui deviendra le nouveau champion du monde.

Nouveau coup dur pour Nelson. Son entraîneur de longue date, Joe « Buffalo » Martin, a trouvé la mort dans un accident de voiture en janvier 1998.

Le 11 juillet 1998, il affronte pour la 4ème fois Jesse James Leija dans la catégorie des poids légers avec en jeu le titre vacant IBA. Il sera battu aux points à l’unanimité des juges. 

Après une magnifique carrière, Azumah Nelson prend enfin sa retraite et a juré de ne pas faire de retour sur les rings.

« Je ne suis pas le genre d’homme qui dit une chose aujourd’hui et se retourne sur elle demain ».

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Une carrière d’exception pour Azumah « Zoom-Zoom – Le Professeur » Nelson. Boxeur rapide, puissant et imprévisible. Beaucoup de ses adversaires ont été unanimes sur un point. C’est que dans le ring contre lui, ils ne devaient pas relâcher leur attention ne serait-ce qu’une seconde. Même quand il commençait à fatiguer ou qu’il était sévèrement touché, le Ghanéen était capable de ressurgir là où ils ne l’attendaient pas. Et lorsque les quelques boxeurs, qui ont réussi à le battre, se retrouvaient face à lui dans un combat revanche, c’était le calvaire. « Le Professeur » anticipait à merveille leur boxe, exploitant leurs faiblesses avec une aisance. La leçon de boxe assurée.

Pour couronner sa carrière, il n’espérait plus qu’une seule chose, être le premier Africain à être intronisé à l’International Boxing Hall of Fame. Et c’est ce qui arrivera en 2004.

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En 2008, Azumah « Zoom-Zoom – Le Professeur » Nelson a crée la Fondation Azumah Nelson  pour essayer d’aider les enfants au Ghana. Il entraine les jeunes talents pour tenter de préserver l’héritage de la boxe dans ce pays. Pour lui, le sport peut aider les enfants à échapper à la pauvreté et la délinquance.

« Je suis un serviteur. Dieu m’a amené à servir les gens, surtout les enfants dans le besoin. Je veux voir tout le monde sourire ».
Le 24 juin 2008, à Melbourne en Australie, Azumah Nelson, âgé de 49 ans, et Jeff Fenech, 44 ans, vont s’affronter pour la 3ème fois dans un combat de gala. Ce qui n’empêchera pas l’animosité d’un goût de revanche.
On était loin des jours glorieux de la légende vivante de la boxe ghanéenne qui a dominé les catégories des poids plumes et super-plumes pendant plus d’une décennie, mais pour Nelson, c’était un moyen de récolter des fonds pour ses oeuvres caritatives.
 » Je n’ai pas de problèmes d’argent, mais je ne peux pas construire les fondations sur le mien, donc j’ai accepté de le combattre. Je dois aider ces enfants défavorisés et le combat va me donner cette aide et je vais l’assommer à nouveau ».
William Dettloff, qui était le rédacteur principal du magazine The Ring, avait écrit :
« Admettez, comme moi, que vous êtes plus intéressér par Azumah Nelson-Jeff Fenech III que vous l’êtes pour un James Toney-Hasim Rahman II. »
Jeff Fenech remportera ce combat par décision majoritaire, deux juges ayant estimé qu’il était le vainqueur et le troisième qu’il y avait eu match nul.
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34 réflexions sur “Azumah Nelson et Ike Quartey, icônes de la boxe en Afrique (2ème partie)

  1. Salvador Sanchez is immortal for a reason, he defeated many great fighters who are considered legends in boxing, he didn’t fight catch weights like Pacquiao, nor did he run like a chicken like Mayweather, his fights were pure clean action all 15 rounds. That is the greatest Mexican fighter ever. 20 times better than Chavez.
    Sanchez vs Nelson: Unbelievable!! What a brawl.

  2. C’est vrai qu’il a eu une carrière bien remplie. Il fait partie des rares boxeurs qui peut se vanter d’avoir eu une carrière exceptionnelle. Dommage qu’il n’est pas été médiatisé plus que ça, car sur le ring, c’était un sacré client.

  3. Quartey, une bonne défense, et son jab quel piston. Nelson, une terreur à l’époque et puis quelle longévité au plus haut niveau ds ces catégories de plumes et super-plumes. Après, il y a Clottey qui aurait pu avoir une meilleur carrière. Il a une très bonne défense lui aussi et il est bon, mais…..

  4. Merci pour nous avoir rafraîchit nos mémoires avec cet article en 2 parties concernant les grands boxeurs qu’étaient Azumah Nelson et Ike Quartey. Toute une époque où la boxe avait une réelle reconnaissance, où les meilleurs s’affrontaient. Toute une nostalgie qui nous saute « à la gueule ». Dommage pour les décisions controversées dont a été victime Quartey et ses longues absences répétées. Sa carrière auraait été encore plus magnifique. Quand à Nelson, c’est le 2ème meilleur boxeur de sa catégorie de tous les temps (pour moi)

    1. Don King avait de très bons boxeurs ans son écurie : Azumah Nelson, Felix Trinidad, Terry Norris, Mike Tyson, Evander Holyfield, Mohammed Ali, Julio Cesar Chavez, Julian Jackson, Ricardo Lopez , Alexis Arguello, Larry Holmes, Roberto Duran, … Au moins à cette époque, on avait de belles affiches.

  5. Il y avait une telle densité chez Azumah. Dommage qu’il est souvent été dans les sous cartes. Cela ne l’a pas empêcher de briller et de se faire un nom. Une véritable légende.

  6. ça c’est un grand boxeur parmi les grands. Affronter au pied lever la légende Salvador Sanchez et lui avoir tenu t^te comme il l’a fait, ça c’est un grand champion. Et en effet, ça a été le combat le + dur du grand Salvador. Dommage qu’il soit mort si tôt, car il y avait des revanches de prévu, et je pense qu’il y en aurait eu une aussi contre Azumah. Là, bien préparé ça aurait donné. Et son combat contre un autre grand, Wilfredo Gomez, quel combat. Durant toute sa carrière, il a affronté les meilleurs et livré de très belles guerres. J’aurai bien aimé une revanche contre Whitaker, avec Azumah en pleine possession de ses moyens. Je ne savait pas pour sa femme (merci pour l’info).
    Et cette soirée sur Canal +, je m’en rappelle bien, l’une des plus grandes affiches de tous les temps. Merci Don King. C’est pas avec de la Hoya, Arum et Haymon qu’on en verra des affiches comme ça.

    1. Son 2ème combat contre Fenech aussi, c’était une tuerie. Azumah a prouvé qu’il était bien malade lors du 1er affrontement, et il a enlevé le doute aux yeux du monde entier. Bien sur, quasiment tous ses combats valent leur pesant d’or.

    2. Don King faisait du bon travail à cette époque. Un escroc c’est certain, mais il faisait du bien à la boxe, avec souvent de très belles affiches. Je me souviens de cette soirée des « revanches ». Je me rappel aussi d’une affiche où il y avait aussi, à Mexico je crois, avec Chavez-Haugen, Norris, Trinidad, McClellan,… bref du très beau monde.

  7. un grand bravo pour ce très bel article, assez complet, pour un très grand boxeur, qui devrait davantage être reconnu

  8. Bravo pour cet article en 2 partie. C’est vraiment génial d’avoir parlé de ces 2 boxeurs africains et croisé ces 2 carrières. Même à l’heure d’aujourd’hui, sur ce continent, Quartey et Nelson sont toujours cité en exemple. 2 guerrier puissants, 2 talents brut. Azumah Nelson aura tout de même eu une meilleur carrière que Bazooka Quartey (qui lui ne sera probablement pas un hall of famer). mais ces 2 boxeurs m’ont fait vibrer sur le ring

  9. Génial cette 2ème partie. A cette époque, on avait de la vraie boxe à haut niveau où les meilleurs s’affrontaient. Quand je vois maintenant, je pouffe de rire, et je pense que vous allez être d’accord avec moi. Les main event de maintenant serait de simples combats de sous-cartes pour l’époque.
    Une grande époque malheureusement révolue.

    1. Entièrement d’accord, y a pas photo !!!! Quand tu vois des clownelo-khan (par exemple), tu rigoles.
      Très bon article et respect pour la carrière d’Azumah le professeur. Un ghanéen sur le toit du monde et un long règne qui a affronté les meilleurs de son époque.

  10. Il a donné la leçon à tant d’adversaires. Un guerrier, un artiste, styliste, puncher avec un sens inouï du combat rapproché. Il n’y aura jamais un boxeur comme lui sur le continent africain. Même Quartey, l’autre icone du continent, n’a fait mieux.

  11. La façon dont il a dégommé Fenech dans la revanche, hallucinant. Surtout que Fenech était invaincu et classé n°3 P4P. Si Azumah n’avait pas eu le paludisme pour le 1er combat, Fenech aurait perdu.

  12. J’ai adoré quand tu as écrit : « un roi parmi les rois »,c’est entièrement vrai. Il a fait beaucoup pour l’image du Ghana et du continent africain, et aujourd’hui, il continue. Un grand respect pour ce champion du monde de boxe mais aussi du coeur.

  13. Azumah Nelson, un vrai monstre. Il a eu des combats de malades et contres des adversaires redoutables, les meilleurs à leur époque : 4xLeija, 3xFennech, 2xVillasana, 2xRuelas, 2xMartinez ,Sanchez, Gomez, Whitaker, ….
    Nelson est la marque d’un grand champion.

  14. Excellent article. C’est vrai qu’il y avait plus à dire sur la carrière d’Azumah le Professeur que celle d’Ike le Bazooka.
    Un boxeur terriblement dur ce Azumah. Et beaucoup de combat monstrueux. Il est unique. Et encore merci pour le destin croisé de ces deux GRANDS boxeurs qu’ont été Quartey et Nelson.

  15. Bravo pour ce super article (comme d’hab). Azumah a eu une longue et magnifique carrière. C’est vrai qu’après lui et Quartey, c’est le désert sur le continent africain. Et je ne pense pas qu’un jour un autre boxeur remette le Ghana et l’Afrique àl’honneur

  16. Avec seulement 13 combats pros au compteur et tenir la dragée haute comme il l’a fait contre Sanchez un des plus grands talents de l’histoire (s’il n’avait pas été mort jeune, il aurait été le meilleur), il fallait le faire.
    Et son combat contre Gomez, un énorme boxeur aussi qui en raison de ses KO n’a jamais eu a attendre le verdict de ses avdersaires. Enorme KO dans le 11ème round. Azumah n’a évité personne, il a affronté des grands dès le début de sa carrière. Sa victoire sur Cowdell, mémorable aussi. Et la revanche contre Fenech, un must.
    Il n’empêche que tous ces meilleurs boxeurs se sont affrontés. C’est pas avec les charlatans d’aujourd’hui qu’on verrait ça.
    Sanchez vs Gomez, Sanchez vs Cowdell, je vais me les remater avant de me remater Azumah contre ces 3 boxeurs.

  17. Je me rappelle très bien de ces 2 combats contre Fenech. Le premier combat avait donné une décision injuste, pour ne pas dire vol (même si s’en était un), pour Fenech. Il aurait du gagner ce combat et avoir sa 4ème ceinture.
    Mais pour la revanche, Nelson a détruit Fenech d’une manière impressionnante.
    Le Professeur a affronté ce qui se faisait de mieux a l’époque et a livré de beaux combats. Dommage qu’il n’est pas affronté JC Chavez. D’ailleurs, l’entraineur de Chavez avait dit que si ce combat se faisait, Nelson l’emporterait.

  18. J’attendais avec impatience la 2ème partie de ton article. Après un excellent article sur Quartey, je ne suis pas déçu de ton article sur le grand Azumah. Je n’ai pas encore vu un article aussi détaillé sur lui, franchement bravo, et bah là aussi j’y ai appris des choses (maladies, décès,…). Bref une merveille. C’est quoi le prochain?

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