Coups De Poings Dans Le Rétro (chapitre VII)

 

Bouttier vs Monzon
Bouttier vs Monzon

– Jean-Claude Bouttier contre Carlos Monzon :

Jean-Claude Bouttier et Carlos Monzon s’affrontèrent à une époque bénie pour la boxe. Une période, depuis longtemps révolue, capable d’engendrer des champions hors normes, à leur image. Le boxeur français rêvait de devenir champion du monde des poids moyens et de succéder à Marcel Cerdan. Pour entrer dans l’histoire, Jean-Claude Bouttier devait battre un phénomène argentin à la force brute. Un exploit qu’il fut tout proche de réussir. Mais Carlos Monzon, détenteur de la couronne mondiale pendant treize années d’affilée, à partir de 1970, était trop fort. « El Macho » était une incroyable vedette.

En amateur, il a disputé 31 combats dont 21 victoires, 1 match nul et 9 défaites.
En professionnel, il a disputé 72 combats dont 64 victoires (dont 43 KO), 1 match nul et 7 défaites. Jean-Claude Bouttier, champion d’Europe des poids moyens 1971 et vice champion du monde, élu champion des champions français par le journal l’Equipe, c’est vous dire, alors que rien ne prédestinait Jean-Claude Bouttier à disputer deux ceintures mondiales contre la terreur argentine Carlos Monzon. Apprenti boucher à 14 ans, le garçon ne semble pas le plus doué pour la boxe. D’autres se voient déjà ceints d’une couronne de lauriers quand, lui, à force d’enchaîner les combats amateurs, commence tout juste à croire en sa bonne étoile. Bouttier n’est pas du genre à jeter l’éponge. Il voit loin, il voit grand.

« A l’époque, ce n’était pas comme maintenant. Le monde de la boxe était très hiérarchisé. Il fallait procéder par étapes pour prétendre faire un championnat du monde », raconte-t-il.

Quatre ans après ses débuts professionnels, Bouttier comptabilise 36 victoires et aucune défaite en France. Lorsque le brésilien Juarez De Lima lui infligera sa première défaite, il partira aux Etats-Unis à la fin de l’année 1969. De retour en France, Jean-Claude Bouttier est un autre boxeur. Imbattable, flamboyant. Successivement, il décroche le titre de champion de France , « le plus beau de ma carrière » avait-il dit, et remporte la ceinture européenne à Roland-Garros devant un public en délire. Il devient une figure populaire.

Il s’attaque maintenant au titre mondial que détient la terreur des rings Carlos Monzon.

« Il fallait voir ce que c’était à l’époque. Tout le monde en avait une peur bleue », raconte Bouttier. « Moi, je n’ai jamais ressenti cela. Si on a la trouille, il ne faut pas monter sur un ring. Mon schéma tactique était simple : lui rentrer dans la gueule ! »

Le 17 juin 1972, les deux boxeurs s’affrontent à Colombes devant 30 000 personnes.

« Ce fut magique, avec toute cette foule, en plus il faisait très beau pour cet affrontement en plein air. Et, devant leurs téléviseurs, des millions de fans à travers le monde nous regardaient…

A la 6ème reprise, Monzon va au tapis.

« Je suis le seul à l’avoir mis sur les fesses. En plus, j’ai appris plus tard qu’à cet instant du match il voulait abandonner parce qu’il était au bout du rouleau ».

Jean-Claude Bouttier fut tout près de battre l’invincible Monzon. Sans solution, le boxeur argentin donne un coup de pouce dans l’œil de son adversaire. Et c’est la déception, Bouttier allait finalement jeter l’éponge à la treizième reprise.

« Les gants n’avaient pas de coutures, ce qui rendait possible une telle action. Des années plus tard, en Argentine, Carlos m’a avoué qu’il n’avait trouvé que cette parade pour me battre ».

La revanche a lieu un an plus tard, le 29 septembre 1973. Persuadé d’avoir le potentiel pour battre Carlos Monzon, Jean-Claude Bouttier abordait sa revanche plein d’espoirs. Cette fois-ci, le match fut organisé sur le central de Roland-Garros.

« Je pensais pouvoir faire mieux. J’ai décidé de changer de stratégie. À Colombes, je bougeais beaucoup. A Roland-Garros, je lui suis rentré dedans en permanence. D’ailleurs, pendant les douze premiers rounds, j’étais champion du monde, je menais aux points. Ensuite, il m’a touché au foie ».

Les trois dernières reprises sont intenables malgré la combativité de Bouttier.

« J’ai tenu les quinze rounds, mais j’étais à l’agonie. Et j’ai perdu encore une fois. L’argentin était trop fort ».

Pour la petite histoire, ses deux combats perdus contre Monzon, le 17 juin 1972 et le 29 septembre 1973 ont financés par Alain Delon. Pas la moindre amertume dans les propos de celui qui raccrocha les gants en 1974. Et s’il refuse dans un premier temps de parler de regret, il finit par avouer :

« Ah, si seulement Carlos Monzon ne s’était pas relevé après que je l’ai mis à terre lors de notre premier championnat du monde ! Pour qu’il reste au sol, il aurait fallu qu’il soit moins dur au mal. Voilà mon seul regret. Sinon, j’étais surtout déçu pour le public, parce que j’avais donné le meilleur de moi-même. Carlos était tout simplement meilleur que moi. « 
« Après nous être affrontés, nous avons acquis beaucoup de respect mutuel », a déclaré Jean-Claude Bouttier.

Une profonde amitié allait naître entre ces deux-là. 

« Après avoir quitté le ring, j’ai organisé les combats de Carlos, notamment son dernier, à Monaco, le 30 juillet 1977. Il empocha alors son quinzième triomphe dans un championnat du monde, face au Colombien Rodrigo Valdes. Nous étions devenus amis. Il est même venu passé une semaine chez moi, en banlieue parisienne, avec sa compagne, Alicia Muniz. Je me souviens que nous avions visionné notre premier combat… »

Carlos Monzon livrera deux derniers championnats afin de réunifier le titre devant Rodrigo Valdez. Son record de quatorze défenses consécutives chez les poids Moyens, et son invincibilité (81 combats d’ octobre 1964 à juillet 1977, date de son retrait) resteront à jamais légendaires.

Souvent oublié par les spécialistes américains, Monzon reste l’un des cinq plus grands champions des poids moyens de l’histoire.

 


6 réflexions sur “Coups De Poings Dans Le Rétro (chapitre VII)

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  2. Au moins à l’époque, on avait des boxeurs français qui combattaient avec leurs tripes et qui nous ont permis d’avoir des ceintures européennes et mondiales

  3. Ah Jean-Claude Bouttier!!!les matchs de boxe levé à 4 h du matin sur Canal +,quel régal!!! depuis plus rien , mais plus abonné non plus,ça manque ces soirées la ….
    et puis les matchs commentés par Mr Bouttier, un bonheur , merci pour tout

  4. Jean-Claude Bouttier est pour moi un des boxeurs et des sportifs que j’admire le plus. On parle de son courage, de ses qualités sportives, de sa quasi-victoire sur Carlos Monzon qui pourtant dominé sa génération, mais c’est aussi quelqu’un qui a tellement aimé la boxe qu’il a aidé tant de jeunes à se lancer dans cette belle aventure.

  5. Jean Claude Bouttier fait parti des grands de la boxe en France. Je pense qu’ Alain Delon avait raison lorsqu’il affirmait qu’il y a eu Carpentier, Cerdan et Bouttier. Les autres boxeurs s’ils restent de grands athlètes n’ont pas autant marqué leur époque que ces trois champions. Bravo Monsieur Bouttier et un grand respect pour tous ce que vous avez accompli dans la boxe et pour la boxe.

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